Science-Fiction / Adulte

J’ai Lu, 2017
457 pages / 23 €
Mon avis :
Bien que j’ai déjà été déçue par cet auteur (j’avais commencé puis abandonné La Trilogie de l’Héritage), j’ai entendu tellement d’éloges sur La Cinquième saison que j’ai quand même voulu essayer.
Et au final… j’ai aimé certaines choses dans le livre, et d’autres moins. Pour ne rien vous cacher, j’ai faillit abandonner dans les tous premiers chapitres. Je ne sais pas bien expliquer pourquoi, mais je j’accroche vraiment pas avec le style d’écriture de N. K. Jemisin. Dans La Cinquième saison, à ce style s’est ajouté un choix narratif audacieux mais déroutant : on suit trois personnages féminins dans le roman, chacune s’exprimant de manière très différente, ce qui rend chaque chapitre bien reconnaissable, un peu à la manière de la Horde du Contrevent d’Alain Damasio. L’une de ces trois femmes, Essun, s’adresse au lecteur en parlant à la deuxième personne (elle utilise le vous), y compris pour parler d’elle même. C’est vraiment très étrange, et jusqu’à la dernière page je n’ai pas réussi à m’y faire, même si cela prend plus de sens au fur et à mesure qu’on avance dans l’histoire.
Ce qui a retenu mon attention jusqu’au bout, c’est surtout l’univers imaginé par N. K. Jemisin. Un monde hostile à l’homme, dans lequel la planète semble s’acharner à vouloir réduire à néant toute trace de vie et de civilisation pérenne en soumettant ses habitants à rude épreuve : les mouvements de la terre sont tels qu’ils provoquent des catastrophes naturelles dévastatrices. Volcans en éruption, tremblements de terre, pluies de cendres, pluies acides, tsunamis… Tout peu arriver et détruire des villes entières en quelques minutes, tout en ayant des répercussions sur le climat pendant des décennies : c’est ce qu’on appelle une Cinquième saison.
Cette épée de Damoclès est une menace constante pour l’homme, qui s’est adapté à cet environnement difficile. Ainsi, les hommes sont organisés en villes et en communautés indépendantes les unes des autres, et qui se replient sur elles-mêmes en cas de Cinquième saison. Chaque habitant doit démontrer son utilité pour la communauté et est catégorisé en fonction de ses aptitudes.
Le problème, c’est qu’avec chaque Cinquième saison, un peu plus de savoir se perd ou est déformé. On ne sait donc plus très bien ce qui s’est passé lors des premières catastrophes de ce genre, et plus on avance dans le roman, plus on se rend compte que ce qui est enseigné aux enfants sur l’histoire politique et sociale de ce monde est probablement erroné : seul ce qui semble essentiel à la survie est enseigné, et on soupçonne vite que l’Histoire a été modifiée ou tronquée, notamment le Fulcrum.
Le Fulcrum est l’une des organisations centrales du roman. Car ce que je n’ai pas encore dit, c’est que certains individus sont capable de détecter les mouvements géologiques et de les influencer ou de les provoquer, s’ils ont acquis une assez grande maîtrise de leur pouvoir : ce sont des orogènes. Alors que ces capacités sont utiles à la survie de l’humanité, les orogènes sont pourtant craint pour leur pouvoir potentiel de destruction. Ils sont donc soit envoyés au Fulcrum, où ils apprennent à contrôler leur pouvoir et sont contraints à une vie de servitude, à la fois puissants et privés de leur liberté; soit ils sont chassés, bannis ou pire, tout simplement massacrés par les habitants, qui ne les considèrent pas comme humains.
Les trois personnages principaux sont des orogènes, et on suit leur parcours dans ce monde qui les craint et les hait. Trois femmes à trois stades différent dans leur vie, qui se battent pour trouver leur place dans cet environnement hostile, pour s’accepter, pour trouver comment vivre avec ce don qui sonne comme une malédiction.
Vous l’avez compris, l’univers est donc riche, et à la fin de ce tome il en reste encore beaucoup à découvrir à son sujet. C’est aussi d’ailleurs un des défauts du livre, car il reste très introductif : on a l’impression que l’histoire ne démarre vraiment qu’au 2/3 du roman, et on est donc un peu frustré au moment de refermer le livre…
Mais ce que je reproche principalement à ce livre et au style de N. K. Jemisin, c’est son manque d’explosivité. J’ai eu la sensation qu’à chaque fois que l’émotion surgit dans le récit, elle est comme soufflée par l’auteur, qui la fait redescendre immédiatement. J’ai eu la sensation d’un récit lisse en termes d’émotion, et c’est vraiment dommage. J’aime les récits avec des pics, des montagnes russes dans la tête et dans le coeur (pas que hein, mais c’est important !), et là c’est tout l’inverse, comme si l’émotion était sans cesse contenue, remisée derrière la logique du récit. Cela entraîne également quelques longueurs dans la narration.
Je suis donc un peu mitigée sur ce premier tome, mais je me laisserais probablement tenter par la suite, en espérant que la narration particulière et cette façon qu’à l’auteur de contenir l’émotion seront moins marquées.
En bref :
La Cinquième saison est un roman introduisant un univers atypique et complexe, à la fois riche et original, dans lequel des mouvements géologiques violents entraînent régulièrement des catastrophes naturelles dévastatrices pour l’homme et son environnement. L’auteur développe autour de cette idée un monde avec ses mythes, une histoire, une société basés sur des règles de survie, et dans lequel certains humains, les orogènes, ont le pouvoir de contrôler les mouvements géologiques. Mais loin d’être vus en sauveurs, les orogènes sont au contraire chassés et haïs du reste de l’humanité. Dans le roman, on suit trois femmes orogènes qui se battent dans ce monde hostile pour trouver leur place.
Malgré cet univers intéressant et les différentes questions qu’il aborde autour de l’Histoire, de la survie, de l’acceptation de soi et des autres, je suis mitigée par cette lecture. Je n’apprécie pas le style d’écriture de N. K. Jemisin, trop lisse au niveau des émotions qu’il dégage. À cela ce sont ajoutées quelques longueurs, et le choix narratif autour d’un des personnages, qui s’exprime à la deuxième personne, m’a également dérangé.
Je suis contente de découvrir ton avis, car il est davantage en demi-teinte que ceux que j’ai lus. Et parfois, pour se faire une idée a priori, c’est bien de pouvoir trouver divers ressentis. La rétention des émotions est peut-être quelque chose qui pourrait me déranger. J’aime les aventures hautes en couleur.
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En l’occurrence, il se passe des choses dans le tome, et qui auraient dû me secouer pas mal justement ! Et pourtant, on voit bien que ce n’est pas sur les émotions que l’auteur veut axer son récit. Dommage !
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Beaucoup aimé pour ma part, j’avais beaucoup accroché aux trois histoires justement. Faut que je lise la suite d’ailleurs…
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J’ai l’impression qu’il plaît plus aux « habitués » de la SF qu’aux amateurs de fantasy !
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Je n’ai jamais lu encore du Jemisin, mais comme tu le soulignes avec tout le foin autour je vais tenter au moins par curiosité
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Oui voilà, c’est aussi ce que je me suis dit, en plus on me l’avais conseillé personnellement 🙂
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J’avais adoré, mais j’ai aussi tout de suite accroché au style, ça aide 🙂
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Oui j’ai été voir ton avis 🙂 J’ai vraiment eu du mal avec le style, il me semble d’ailleurs que c’est aussi ce qui m’avais posé problème avec la Trilogie de l’Héritage. Est-ce que tu l’avais lue aussi ?
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Je n’avais pas vu que tu l’avais chroniqué ! J’étais persuadé que ça te plairait à fond, comme quoi ^^. A voir si tu trouveras le temps de lire la suite (j’ai en tête ton post FB sur le manque de temps). J’avais pour ma part beaucoup aimé la suite, même si je pense que les tomes 2 et 3 auraient pu être fusionnés en un seul tome.
J’espère que tout va bien pour toi.
A bientôt
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Comme d’habitude, tu étais l’un de ceux qui m’avait convaincu d’essayer cette lecture ! Je ne suis pas sûre de lire la suite, mais qui sait, d’ici quelques années ? J’espère que tu vas bien également, on n’a pas eu beaucoup l’occasion de se croiser dernièrement, j’espère qu’on se verra à un prochain café littéraire 🙂
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Je devrais arrêter alors de te convaincre de lire des bouquins, je n’ai pas l’impression que ce soit très fructueux ^^. A très vite ! (effectivement, on devrait bien se voir à un café)
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Pas du tout ! Cela m’a permis de découvrir des livres de SF et je suis maintenant plus attirée par le genre, je pense que c’
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est en partie grâce à toi 🙂
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Parfait dans ce cas 🙂
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