Adultes / Nouvelles / Fantasy

Pocket, 2018
288 pages / 7,50 €
Mon avis :
Neil Gaiman est un auteur que j’apprécie et qui a son style bien à lui; j’ai lu plusieurs de ses romans et j’en ai rarement été déçue. C’est pourquoi je me suis intéressée à ce livre, d’autant plus que je ne connaissais finalement pas grand chose de la mythologie nordique. C’était donc un bon moyen d’en apprendre plus sur le sujet, et de démêler le vrai du faux dans ce que j’avais pu entendre à droite et à gauche sur ces mythes, que l’on retrouve aujourd’hui un peu partout dans les films ou dans les livres.
Et en effet, La mythologie viking est un excellent moyen de découvrir l’histoire des dieux nordiques de manière simple et ludique. Neil Gaiman a choisi de se concentrer principalement sur Odin, Thor et Loki (et même plutôt sur ces deux derniers), même si d’autres dieux et créatures apparaissent au cours du roman, comme par exemple Hel, Fenris, Balder ou encore Freya, ainsi que des nains et des géants. Le roman se décompose en plusieurs petites histoires courtes qui retracent la genèse des dieux nordiques, quelques unes de leurs aventures (et mésaventures!), ainsi que Ragnarok (la chute des dieux, mais aussi le commencement !).
Si j’ai au départ été surprise par le choix de cette forme de récit, constitué de nouvelles successives, j’ai fini par mieux comprendre et adhérer au fur et à mesure de la lecture. Petit à petit, des liens entre les histoires se créent, et les nouvelles prises ensemble et lues à la suite forment un tout cohérent, une continuité qui pourrait presque apparaître comme un roman avec des chapitres et de grandes ellipses temporelles entre deux.
On découvre donc certaines aventures marquantes dans la mythologie nordique, par exemple comment Mjollnir, le marteau de Thor, a été créé. La plupart des aventures sont drôles (par exemple, Thor se travesti dans une des nouvelles), parfois étranges, et quelques fois plus sombres. Elles permettent de se faire une idée du caractère des principaux dieux et de comprendre que malgré leurs pouvoirs immenses (par exemple, Odin a bu la sagesse, Thor a son marteau, Loki peut se transformer en n’importe quel animal), ils ne sont pas tout-puissants ni même omniscients ! En fait, ils réagissent de manière très similaire à des humains : ils ont leurs sujets de discorde et leurs chamailleries, ils se disputent puis se réconcilient comme des enfants (notamment autour d’un bon banquet avec nourriture et boisson à foison), ils ont des défauts assez énormes et une forte propension à vouloir se venger pour un rien. Pour se sortir du pétrin dans lequel ils se mettent souvent, ils peuvent être à la fois rusés (surtout Loki !) mais aussi brutaux et sanglants.
Dans les épisodes narrés par Neil Gaiman, Loki tient une place centrale. Ce personnage est l’un des éléments les plus intéressants du roman, parce qu’il est terriblement ambivalent et complexe. Loki est rusé et intelligent et semble être à l’origine de la plupart des problèmes des dieux; si ce n’est pas le cas, c’est lui qui leur apporte une solution, évitant généralement un désastre (ou un bain de sang, méthode préférée de Thor pour résoudre les problèmes). Les motivations de Loki sont floues : il semble agir tantôt pour son propre intérêt, tantôt parce que cela l’amuse de faire tourner ses semblables en bourrique.
A côté, Thor apparaît comme un simplet avec de gros muscles, qui agite un jouet – son marteau Mjollnir – un peu trop puissant pour lui. C’est un enfant, un personnage impulsif qui se précipite tête baissée dans la bagarre, sans réfléchir aux conséquences, et qui ne pense qu’à manger, boire, et parfois massacrer deux ou trois importuns pour se sentir mieux. Il apparaît ridicule dans plusieurs histoires, tant Loki peut le manipuler facilement; dans ces histoires, on voit bien que Thor a un bon fond, tandis que Loki navigue toujours à la frontière, en fonction de son intérêt. Plusieurs nouvelles relatent d’ailleurs un problème créé de toutes pièces par Loki, mais qu’il finit par résoudre lui-même parce qu’il est allé un peu trop loin et risque de s’attirer trop d’animosité de la part des autres dieux s’il laisse la situation en l’état. D’ailleurs, au fur et à mesure que l’on avance dans le roman, l’intérêt de Loki s’éloigne peu à peu de celui des autres dieux. Il se fait de plus en plus sombre, fourbe, manipulateur, nuisible, cruel… jusqu’à précipiter la chute des dieux, Ragnarok. En bref, on ne s’ennuie pas à Asgard !
Par contre, je pense que ce roman n’apportera rien à ceux qui connaissent déjà les mythes principaux. Il pourrait même, j’imagine, être assez frustrant car il semble n’être qu’une introduction à ces mythes, une présentation générale. De ce que j’ai pu lire sur les blogs de lecteurs ici et là, ce roman n’amène aucun apport supplémentaire par rapport à ces mythes principaux, ils sont ici une « simple » réécriture par Neil Gaiman.
Etant donné que mon objectif était de découvrir les mythes nordiques, je n’ai pas été déçue sur ce point, et j’ai aimé que le roman soit court et facile d’accès, avec un nombre de personnages réduit et une ligne directrice visible et simple à comprendre. Cependant, j’ai été déçue par rapport à ce que je m’attendais à trouver en termes de style : je n’ai pas particulièrement retrouvé la pâte de Neil Gaiman dans ce roman, si ce n’est une pointe d’humour dans la manière de raconter l’histoire de ces dieux. Mais je ne sais pas si cet humour est uniquement un « ajout » de l’auteur ou s’il est inhérent à l’histoire et à certains dieux en eux-mêmes. Difficile de savoir, étant donné que je n’ai pas lu d’autres œuvres qui présentent les mythes nordiques.
En bref :

Hello, c’est drole je viens de finir ce roman. Que j’ai trouvé très très bien.
A mon avis ce qu’a fait l’auteur, que je ne connais pas autant que toi, c’est d’actualiser les sagas pour les lecteurices actuelles.
L’appellation « roman » fait jouer une ambiguité, celle des rapports entre ces mythes et la littérature anglo-saxonne, pas seulement le fantasy.
Ton analyse des personnages me semble à l’emporte-piềce, si je peux me permettre ( un peu comme si tu disais que Cendrillon est faible de caractère parce qu’elle se laisse exploiter par sa marâtre ).
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Effectivement pour le style Gaiman c’est zéro, mais ça fournit un paquet de clés de lecture pour son oeuvre ^^. Bien aimé pour ma part le côté résumé facile d’accès, et les péripéties de Loki et Thor (quand on met la tête des acteurs Marvel dessus c’est absolument hilarant xD)
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Ah ah c’est vrai que j’ai tout de suite eu en tête les acteurs Marvel, ils collent bien aux personnages au final 🙂
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Dans ma PAL, toujours pas ouvert mais le même genre j’avais bien aimé la Saga des Neuf mondes de Pierre Efratas
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