Fantasy

Bientôt, ils s’uniront à la famille royale.
Bientôt, ils tiendront la Slasie dans leurs mains.Les nomades qu’on appelle Austrois sont des forains, des artistes…
… Et des inventeurs jaloux de leurs secrets.Mical est un jeune prodige de la peinture, à qui personne ne devrait vouloir de mal.Les engrenages tournent. La scène est dressée. Le rideau se lève.Le drame peut commencer.
Folio SF, 2018
525 pages / 8,30 €
Mon avis :
Le Sang des Princes est un diptyque qui a déjà été publié aux éditions de l’Homme Sans Nom, mais je l’ai découvert grâce à sa republication en version poche chez Folio SF. Le résumé m’a de suite intriguée, et j’ai eu envie de partir à l’aventure dans l’univers de Romain Delplancq. Cet univers est justement le point fort du roman : inspiré de la Renaissance italienne, on y découvre un mélange entre intrigues politiques auprès de la famille Spadelpietra, et de mystères autour de l’art et du peuple des Austrois.
Les Spadelpietra sont une famille d’aristocrates qui jouissent d’une excellente réputation : ils ont apporté la paix en Slasie, mais aussi la prospérité à son peuple, en encourageant et en finançant la construction d’infrastructures dans les villes, le développement de la culture et de l’art, l’accès à l’éducation, etc. Mais derrière cette image bienveillante semble se cacher de sombres secrets, à commencer par le mystère qui plane autour d’une bataille décisive ayant eu lieu par le passé, et l’accession des Spadelpietra aux plus hautes sphères du pouvoir. De plus, si la famille met en avant des principes tels que l’honneur, le respect et l’exercice d’un pouvoir non-violent, il semble que dans l’ombre, les Spadelpietra ne soient pas aussi blancs et purs que ce qu’ils veulent bien montrer… Une dualité que l’on découvre au fur et à mesure des chapitres, alors que le lecteur navigue entre le point de vue des Spadelpietra et celui des Austrois.
Les passages concernant les Austrois sont les plus développés et les plus nombreux : on y apprend à connaître ce peuple singulier et intrigant, en particulier le clan des Dael. Les Austrois sont un peuple de nomades qui vivent sur les routes, se déplaçant de ville en ville pour proposer leurs spectacles, réputés partout en Slasie. Leur renommée est fondée à la fois sur leurs talents d’artistes, mais aussi sur leurs fabuleux automates, dont ils sont les seuls à détenir le secret de fabrication et de fonctionnement. De plus, les Austrois savent faire beaucoup de choses, et peuvent obtenir le droit de séjourner dans une ville en échange de services divers envers ses habitants. Du côté des Austrois aussi, le lecteur se rend vite compte que certains personnages détiennent des secrets bien gardés, à commencer par l’ancienne patronne du clan Dael, dont le passé reste très flou, y compris pour ses propres enfants. Le mystère qui entoure la fabrication des automates participe également à cette ambiance sombre où le secret et les faux-semblants semblent s’insinuer partout.
À ce stade de ma chronique, vous vous dites sûrement : mais concrètement, c’est quoi l’histoire ? Et je ne serais bien en peine de vous donner une réponse très claire, car l’auteur maintient le flou total sur les tenants et les aboutissants du début à la fin de ce tome. On a quelques éléments à la toute fin, mais ils permettent plutôt à l’auteur d’ouvrir davantage de pistes, de créer un cliffhanger et de susciter encore plus d’interrogations chez le lecteur, sans vraiment répondre à ses questions.
L’intrigue tourne autour de Mical, un jeune homme paisible qui exerce son métier de peintre au sein du monastère où il a grandi, et qui se voit contraint de partir précipitamment pour ne jamais revenir… En effet, sans vraiment qu’on sache pourquoi, Mical est poursuivi par la famille Spadelpietra, et on devine que cela a un lien avec ses peintures et le pouvoir qu’elles exercent sur les membres de cette famille… C’est à peu près tout ce qu’on saura pendant ce tome, et Mical en sait encore moins que nous à ce sujet ! Cette course-poursuite s’étend sur plusieurs années, avec plusieurs épisodes et rencontres marquantes, Mical finissant par trouver refuge au sein du clan Dael, entraînant avec lui tout le peuple Austrois dans une suite d’événements ayant des conséquences importantes. Tout au long de son aventure, la menace qui pèse sur lui est sourde, diffuse, mais devient de plus en plus angoissante à mesure que l’histoire avance : les mystères d’épaississent et s’assombrissent à chaque chapitre, pour finir par un cliffhanger qui fait mal, et qui nous laisse clairement dans l’attente de réponses !
J’ai trouvé cette manière de construire l’intrigue très habile mais frustrante : arriver à la fin d’un roman et se dire qu’on ne sait toujours rien, c’est à la fois très fort (parce qu’on a lu plus de 500 pages sans s’ennuyer, alors que le fil conducteur de l’intrigue est ténu) mais également très agaçant ! Il faut accepter d’avancer dans la lecture sans jamais savoir où l’auteur veut nous emmener, et se laisser porter par l’univers et l’atmosphère du roman.
Cet aspect est pour moi la preuve d’une bonne maîtrise du récit, mais c’est aussi ce qui a mitigé un peu mon avis sur ce roman : cela reste une introduction, et je suis sûre que l’auteur aurait pu nous donner plus d’éléments et de rythme sans nuire à la qualité de son récit. D’ailleurs, je dirais même que le roman pâtit un peu de cette construction particulière, de la richesse et du nombre des personnages, car il est parfois difficile de s’attacher à certains d’entre eux, à commencer par Mical, qui est loin d’être le plus intéressant à mes yeux. De plus, la manière dont il réussit à échapper à ses ravisseurs les premières fois, alors qu’il était le plus vulnérable et sous le coup de la surprise, m’a paru peu crédible. Cela semble peut-être un point de détail, mais c’est pour moi la grosse facilité de cette histoire, alors même que pour le reste, l’auteur a choisi une construction bien loin de la facilité justement ! Au final, ce roman est tout de même une belle surprise, et Romain Delplancq est à mon avis un auteur à suivre 🙂
En bref :

J’étais très tentée par ce livre mais c’est ce flou dont tu parles me gêne un peu ! je vais peut-être m’éviter la frustration ! 😉
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