Fantasy / Adulte

Rhuys ap Kaledán est un héritier déchu.
Tout juste libéré de la servitude et des galères, il rejoint la cité franche d’Aniagrad, où tout se vend et tout s’achète, pour reconquérir l’honneur de sa famille. L’occasion lui en est rapidement donnée : Edelcar Menziel, un ancien ami de son père, lui propose de travailler sur la conversion dranique, un procédé perdu depuis des siècles qui permettrait de réaliser des machines magiques. Résolu à tracer son chemin dans la haute société de la ville, le jeune homme s’investit de tout son cœur dans le projet.
Mais bientôt, coincé entre des intrigues politiques et son amour pour une mystérieuse jeune femme qui vend des fragments de son âme pour survivre, Rhuys découvre que le passé recèle des secrets bien sombres et tortueux. Aux prises avec l’ambition, la duplicité et le mensonge, il devra se montrer plus rusé que ses ennemis s’il veut atteindre son but sans perdre son âme.
Folio SF, 2017
688 pages / 9,30 €
Mon avis :
J’ai mis une éternité à lire ce roman. Déjà, parce que c’est un pavé. Mais aussi et surtout parce que j’ai eu du mal à me passionner pour les aventures du personnage principal. Jeune homme idéaliste et naïf, Ruys Ap Kaledan a subit 8 ans de travaux forcés dans la marine afin de payer les dettes de sa famille ruinée par les manigances d’un financier véreux. On le découvre alors qu’il est sur le point de récupérer sa liberté et qu’il pose ses valises à Aniagrad, avec la ferme intention de venger son père, récupérer ses terres et redorer le blason de sa famille.
Ruys peut faire penser à Fitz de l’Assassin Royal par certains aspects, notamment sa propension à se lamenter sur son sort et à gamberger pendant des jours avant d’entamer une action. Et pourtant, je garde un bon souvenir de Fitz, et jamais il ne m’a laissée indifférente. C’est malheureusement ce qui s’est passé avec Ruys… Les 3/4 du romans sont consacrés à ses doutes et ses réflexions. Beaucoup d’introspection pour finalement peu d’action… D’autant plus que l’intrigue tourne également pour une grande partie autour d’une relation complexe qu’il noue avec une Vendeuse d’Âme. Mais je n’ai pas réussi à y croire : son amour soudain et si profond, son admiration sans bornes pour cette femme, jusqu’à ce qu’elle devienne sa raison de vivre et d’avancer, cela reste incompréhensible à mes yeux.
Pourtant, la ville d’Aniagrad est réussie. Tout comme Ciudala chez Jean-Philippe Jaworski ou Wastburg chez Cédric Ferrand, Aniagrad a une âme, une atmosphère bien à elle, un fonctionnement particulier. Et elle vaut à elle seule une histoire. De même, le principe du Transfert est une idée intéressante, et bien développée dans le roman. Bref, le cadre est réussi, les idées de fond sont là. Et elles sont de qualité !
Pour le reste, j’ai trouvé que l’auteur s’étendait beaucoup trop sur des réflexions abstraites sur la poésie, sur des métaphores autour de l’acte d’écrire, sur des problématiques qui se posent – je ne peux que l’imaginer – à tous les créatifs un jour où l’autre. Etant moi-même bien loin de ce qu’on peut qualifier d’une personne créative, d’un esprit artistique, toutes ces réflexions m’ont laissées perplexe. Ce texte a peut être touché d’autres écrivains ou d’autres artistes qui se sont retrouvés dans le récit. Mais de mon côté, je suis restée assez hermétique à toutes ces émotions.
Du coup, je suis mitigée : autant l’auteur maîtrise son sujet et propose un background bien ficelé, intéressant, qui mériterait encore d’autres développements ; autant je n’ai pas du tout accroché à l’intrigue de fond et aux personnages principaux. Ils m’ont soit agacée soit ennuyée. J’ai trouvé que Levant (alias Ruys Ap Kaledan) s’étalait trop en réflexions lyriques, se mourant d’amour pour sa belle sans que cela soit intéressant à mes yeux. Il rencontre des enjeux bien plus grand que lui, mais n’y accorde finalement que peu d’énergie par rapport à sa relation à la Vendeuse d’Âme. Sa vie entière est focalisée sur les Transferts, et il fait tous ses choix en fonction de ça. J’avoue que j’ai du mal à l’envisager. Idem pour la Vendeuse d’Âme, qui se meurt volontairement à petit feu. Un peu trop mélodramatique pour moi 🙂
En bref :

J’ai aimé surtout pour Aniagrad et l’univers présenté également.
Mais pareil pour le suicide de la vendeuse j’ai pas compris du tout. Et j’ai pas compris qu’il accepte de l’aider.
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Visiblement on est sur la même longueur d’ondes concernant mes dernières chroniques 🙂
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Oui, c’est vraiment dommage que tu aies cette sensation d’être passée à côté du roman. Surtout qu’il a la réputation d’être bon.
Sorry pour toi.
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Cela arrive !! Mais oui, j’avais entendu/lu beaucoup de bien de ce roman, mais cela ne peut pas fonctionner pour tout le monde et à tous les coups 🙂
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J’ai lu ce roman à sa sortie grand format, donc il y a un petit moment, mais je me souviens avoir eu le même ressenti que toi. J’ai eu beaucoup de mal à me passionner pour Rhuys et ses péripéties… même si j’ai davantage apprécié le roman au fur et à mesure des pages – il a cependant été assez difficile à terminer.
Merci de ta critique !
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